«Nouvelle Planète»

«Nouvelle Planète»

Une organisation d’entraide suisse

«Quand j'ai créé l'organisation d'entraide internationale ‹Nouvelle Planète›, il y a 34 ans, je ne pensais pas que cela allait prendre une telle ampleur...» raconte Willy Randin. «Nouvelle Planète» est véritablement une organisation d’entraide un peu différente des autres. Dans les années 1970, l’engagement profondément humain de Willy Randin le mène à conduire des équipes médicales de la Croix-Rouge dans des pays en guerre comme le Yémen et le Vietnam. Puis, dans les années 1980, Willy Randin est directeur de l'hôpital Albert Schweitzer de Lambaréné, au Gabon. – A l’heure actuelle, son fils Philippe Randin dirige les activités de cette organisation d’entraide fondée en 1986.

Lors d’un entretien avec «Point de vue Suisse», Willy Randin présente les activités de l’organisation de la manière suivante: «‹Nouvelle Planète› soutient des petits projets efficaces et adaptés, demandés par les groupements locaux dans plusieurs pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Les projets s’occupent avant tout du soutien aux enfants et aux jeunes, de la valorisation des activités féminines et du soutien villageois, de la sauvegarde de l’environnement et du soutien aux personnes handicapées et malades. Ils sont toujours concrets, avec des objectifs de réalisation clairs et mesurables, et sont normalement proposés par nos partenaires sur place. La population locale contribue selon ses moyens, sur le plan financier, matériel ou de la main d’œuvre, à la réalisation du projet. Les projets doivent rapidement devenir autonomes pour que nous puissions nous retirer facilement.

Dans toutes ces actions, l'esprit reste le même: il s'agit de mettre en œuvre la devise d'Albert Schweitzer: Je suis vie qui veut vivre au milieu d'autres vies qui veulent vivre. Je dois donc respecter toute forme de vie.›»

Pour de plus amples informations: [www.nouvelle-planète.ch]

Attention à l’opportunisme Covid-19

par Roman Twerenbold et Xavier Mühlethaler,
responsables de projets de «Nouvelle Planète»

L’année 2020 est d’ores et déjà marquée dans la mémoire collective. La crise du Covid-19 a laissé des traces. Face aux difficultés, certaines organisations d’entraide n’ont pas hésité à réorganiser leurs activités en se focalisant sur la lutte contre le Covid-19 et en organisant d’importantes campagnes de récoltes de fonds. «Nouvelle Planète» n’a pas cédé aux chants des sirènes et a décidé de rester fidèle à sa manière d’agir. En effet, nos projets d’entraide ont aussi comme objectif de rendre les populations plus résilientes face aux crises.

Non au tout-Covid

Le danger du «tout-Covid» est de faire passer au second plan des problématiques quotidiennes et systémiques, peut-être même plus destructrices. Dans une économie de subsistance souvent informelle, les préoccupations de la population sont tout autres. Impossible dès lors de décréter un confinement comme en Europe. Une couverture sanitaire de qualité est également primordiale. En Guinée, par exemple, on y contribue en réalisant un projet de poste de santé.

Bien entendu, dans nos pays d’intervention, les mesures d’hygiène ont été renforcées et les restrictions nationales respectées. Au Bénin, au Sénégal et en Guinée par exemple, des formations liées à l’hygiène et au lavage des mains ont été dispensées dès le début de la pandémie et des masques ont été distribués aux bénéficiaires. Eviter le suivisme ne veut pas dire nier le Covid-19, mais il nous semble nécessaire de garder une distance critique.

L’incertitude demeure

2021 s’annonce incertain. Les populations vulnérables que nous soutenons subissent en première ligne des répercussions économiques. Elles sont dépendantes de la fluctuation des prix des matières premières. Au Sénégal, les indicateurs de malnutrition sont inquiétants, car les agriculteurs n’ont pas pu écouler toutes leurs récoltes. Dans une économie de subsistance, c’est une catastrophe, d’autant plus que l’Etat n’a pas les moyens économiques de les soutenir. En ce sens, nos projets générateurs de revenus et de sécurité alimentaire sont particulièrement utiles. Grâce à une organisation adéquate, notre équipe de coordination a d’ailleurs pu poursuivre quasi normalement la mise en place des projets et tenter ainsi de réduire les effets économiques de la crise.

Le long terme reste notre préoccupation majeure. Nos projets répondent à des problématiques existantes et structurelles qui se sont aggravées suite à la crise. Nous restons cohérents et fidèles à nos principes, aujourd’hui plus que jamais.

Les élèves tout sourire avant le confinement. (Photo Nouvelle Planète)

Se battre pour l’égalité des chances

Inde – Le confinement imposé par l’Etat pour endiguer le coronavirus
a eu le plus de répercussions au fond de la forêt du Chhattisgarh

par Xavier Mühlethaler

Depuis 1976, la communauté de Hemalkasa, isolée au milieu de la forêt, accueille des enfants des Madia Gonds. Ces minorités ethniques sont considérées encore aujourd’hui comme des citoyens de seconde zone et sont toujours victimes de nombreuses discriminations. «Nouvelle Planète» a soutenu le développement de cette communauté entre 1996 et 2015.

Du jour au lendemain

650 écoliers, en provenance de plus de 100 villages, suivent les cours dans l’école bilingue qui opère comme pont entre les deux cultures. La majorité des élèves séjourne en internat, car il leur est impossible de rentrer quotidiennement à la maison. 30 enseignants et 20 collaborateurs veillent sur eux avec respect et sensibilité.

Le 15 mars dernier, l’Etat a prononcé un confinement strict en raison du coronavirus. L’école a dû fermer du jour au lendemain et les enfants sont retournés dans leur famille. Initialement prévu pour deux semaines, le confinement a duré plus de 2 mois, même si aucun cas n’a été détecté dans la région. Les enfants ont troqué le banc d’école pour le travail aux champs.

Le gouvernement a par ailleurs ordonné la poursuite de l’année scolaire grâce à l’éducation en ligne. Mais les élèves de Hemalkasa habitent dans des villages isolés sans électricité ni réseau mobile et encore moins d’ordinateurs. Basculer en temps de crise dans un système alternatif était une supercherie: la solution prônée était complètement déconnectée du contexte.

Un retard à combler

Les élèves de Hemalkasa sont souvent les premiers de la famille à suivre un cursus scolaire. On ne trouve dans les villages aucune ressource pour les aider à poursuivre leur formation. Les connaissances difficilement acquises se sont perdues rapidement durant ce vide scolaire. «Cette réalité s’est accentuée de manière exponentielle à mesure que la durée de l’interruption se prolongeait» explique Samiksha Godse, directrice de l’école. Le confinement, auquel se sont ajoutées plusieurs semaines de vacances, s’est finalement soldé par trois mois d’absence. Les enseignants en ont profité pour adapter les cours afin de tenter de rattraper le temps perdu dès la réouverture. Un sacré défi.

Cette situation nous rappelle que des crises, comme celle engendrée par le coronavirus, touchent en premier les couches les plus vulnérables et exacerbent les inégalités sociales. Les minorités ethniques ne subissent pas les mêmes conséquences et ne disposent pas non plus des moyens similaires que les classes moyennes de Mumbai ou d’ailleurs pour surmonter les effets collatéraux. Ne les oublions pas!

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