Quiconque rejette le «Sechseläuten» comme «pas assez inclusif» ne comprend rien aux traditions
par Kacem El Ghazzali,* Suisse
(9 mai 2025) J'adore le Sechseläuten. Et j'adore griller des saucisses sur les braises avec une canette de bière à la main, tandis que les flammes consument les restes du «Böögg». Les vrais adeptes du Sechseläuten ne craignent pas les braises ardentes. Ils persévèrent. Car c'est précisément dans cette expérience collective de persévérance commune que réside la magie de ce rituel zurichois unique.

ne doivent pas nécessairement refléter toute la diversité de la société.
Différents événements peuvent coexister. (Photo Wikimedia)
Les gardiens autoproclamés de la diversité s'en prennent désormais à cette coutume. «Trop masculin, trop bourgeois, pas assez inclusif», telle est la critique facile, généralement formulée dans les milieux de gauche. Mais ceux-ci méconnaissent la nature des traditions culturelles. Le Sechseläuten n'a pas besoin de refléter toutes les politiques identitaires modernes pour être cool. Il s'agit d'un événement historique qui suit sa propre logique.
Quiconque qualifie le système des corporations de «patriarcal» propage tout simplement des contrevérités. Le système des corporations représente un pan de l'histoire vivante de la Suisse et préserve d'importantes traditions communautaires. La participation de la «Société du Fraumünster» – une association créée en 1989 comme pendant féminin des corporations traditionnelles – n'est pas une concession à l'air du temps, mais une évolution naturelle.
Une profonde sagesse humaine
Les critiques «woke» ne veulent toutefois pas préserver une tradition, mais aspirent à la transformer complètement selon leur propre idéologie d'un monde «juste». Ils le font sans tenir compte des particularités culturelles. Mais cela ne vaut apparemment que pour les traditions suisses. Lorsqu'il s'agit de traditions étrangères, on accorde soudainement une grande importance à la sensibilité culturelle et au respect. Un étrange deux poids, deux mesures.
La représentation d'Arabes ou de Bédouins en costumes traditionnels par certaines corporations est ainsi également qualifiée d'«appropriation culturelle». Ironiquement, de nombreux visiteurs et auteurs arabes se montrent fiers que leur culture suscite une telle fascination et soit mise à l'honneur lors d'une fête traditionnelle.
L'exigence constante de «représentation» ne tient pas compte du fait que chaque élément d'une culture ne doit pas nécessairement refléter toute la diversité de la société. La force d'une ville comme Zurich réside précisément dans la coexistence de différentes traditions et célébrations. Outre le Sechseläuten, la Street Parade, le Caliente Festival et de nombreuses autres formes d'expression culturelle ont leur place légitime.
Dans un monde de plus en plus désenchanté et mécanisé, nous avons plus que jamais besoin de rituels qui donnent du sens. Le Sechseläuten incarne parfaitement la dialectique entre enchantement et désenchantement: d'un côté, nous célébrons une fête urbaine moderne et laïque, de l'autre, nous conservons des éléments magiques tels que la prédiction de l'avenir grâce à la durée de combustion du «Böögg». Nous savons bien sûr que la durée de l'été ne dépend pas vraiment du moment de l'explosion d'un bonhomme de neige, mais nous aimons cette approche ludique des superstitions et des symboles.
Cette combinaison de conscience éclairée et de pratique rituelle recèle une profonde sagesse humaine, car l'homme ne vit pas uniquement de la rationalité. Cela vaut également et tout particulièrement pour un athée comme moi.
* Kacem El Ghazzali est essayiste et militant des droits humains. Originaire du Maroc, il est arrivé en Suisse en 2011 en tant que réfugié et y a depuis obtenu la nationalité suisse. Lire tous les articles de Kacem El Ghazzali. |
Source: https://schweizermonat.ch/wer-das-sechselaeuten-als-zu-wenig-inklusiv-abtut-versteht-traditionen-nicht/, 24 avril 2025
(Traduction «Point de vue Suisse»)